Mardi 8 juin j’ai pu expérimenter le dispositif Plug 2 au musée des Arts et Métiers, Paris. Plug est un projet de jeu pervasif au musée financé par l’Agence nationale de la recherche conduit par le laboratoire Cedric/ CNAM (et avec Musée des Arts et Métiers / Orange / Tetraedge / TELECOM Management SudParis.)
Une première génération de ce projet utilisait des téléphones bluetooth et vous pouvez en retrouver le diaporama de présentation ici et des articles scientifiques ici.
Plug 2 utilise non plus le bluetooth mais des téléphones Nfc pour interagir. Il s’agit de téléphone Nokia comprenant un lecteur radiofréquence qui détecte à proximité le code d’une puce NFC. C’est donc une sorte de code barre sans contact (cela offre en plus la possibilité d’échanger de l’information voire d’écrire dans la la puce NFC, mais dans ce projet ce n’est pas utilisé).
Description du jeu :
Nous étions une 12aines de personnes à participer à ce test. Dès l’accueil, très sympa, nous sommes plongés dans le scénario d’un jeu de rôle auquel nous sommes invités. Je ne décris pas le détail pour laisser la surprise et l’intérêt à ceux qui y participeront. Les préambules et l’explication de la règle du jeu sont à mon goût un peu trop long et mériteraient d’être remplacés par un petit test très court permettant de comprendre le dispositif.
Ensuite nous sommes répartis en équipe de trois personnes. Un membre de l’équipe reçoit un iphone, il aura accès aux questions au fur et à mesure de l’avancement du jeu et pourra répondre tactilement à certaines questions : en rentrant un texte, en associant des réponses (on voit un objet et on doit choisir quelle est la bonne définition de cet objet). Un deuxième membre reçoit un téléphone NFC : avec celui-ci il devra rechercher dans l’espace d’exposition des signes Plug2 et les toucher avec le téléphone, validant ainsi un lieu ou une pièce de collection en réponse à une question posée sur l’iphone. Le troisième reçoit un plan du musée (loose...).
Hop c’est parti. On nous demande de lancer l’application maps sur l’Iphone, puis une fois qu’il est localisé, quitter cette application et lancer l’application Plug 2 (j’ai pas compris à quoi cela servait de lancer maps car de toute façon l’appli n’utilise pas de géolocalisation indoor pour l’Iphone. A part pour donner le choix entre plusieurs scénarios dans plusieurs musées, je ne vois pas). Et là premier problème : aucun des iphones n’a capté le réseau orange pendant les 20 premières minutes. Or l’application repose sur la connexion 3G. Donc première remarque, si tout votre scénario repose sur le réseau de téléphonie mobile, cela peut être risqué. Un bon gros réseau wifi pose peut être des problèmes de roaming (on coupe quand on change de base) mais au moins on dépend que de soi même.
Bon c’est normal c’est un test. Donc on attend que cela revienne. Finalement on a le réseau. L’iphone affiche une liste de bouton, seul le premier est actif. C’est la première énigme. Il nous propose un indice en version difficile et moyen : on entend un son, on voit un bout de photo. Et on doit localiser la pièce concernée. On ne peut rien faire de plus sur l’iphone à part se repasser l’indice en version difficile ou moyen, peut être qu’il y a un indice de niveau facile qui se débloque au bout d’un certain temps mais on ne l’a pas vu, ou on n’a pas pris le temps de s’apercevoir qu’il était débloqué (il faudrait que l’iphone vibre ou signale qu’il a du nouveau). On va dans l’espace où se trouve l’avion repéré. Avec le Nokia on badge l’icône Plug que l’on a trouvée près d’un mur. Et comme l’iphone nous indique que "non ce n’est pas ça", nous revenons en arrière et je badge systématiquement toutes les icônes Plug que je vois. Nous finissons par en trouver une qui nous renvoie "Oui vous êtes au bon endroit" sur l’iphone. Cela débloque la question suivante. Il faut maintenant trouver une pièce de collection, une photo servant d’indice. La chasse au trésor recommence. Il faut trouver l’objet concerné puis l’icone Plug la plus proche pour badger avec le Nokia. "Vous avez trouvez trouvé l’objet !" affiche l’iphone.
3e niveau : test de connaissance. Sur l’iphone, les parties de l’Hydroptère apparaissent, il faut réussir à les nommer en associant des mots à des images. Ca marche, sauf que franchement je pense qu’ils ont mélangé le cockpit et le poste de pilotage. Mais bon on a réessayé toutes les combinaisons jusqu’à ce que notre réponse soit validée.
Le jeu repart sur un nouveau cycle, il falloir trouver une nouvelle salle, un nouvel objet puis à nouveau répondre à des questions, cette fois en répondant à des questions graphiques en choisissant une pièce de charpente ou en plaçant les flèches de forcesdu vent sur une toiture.
J’ai du m’arrêter à ce niveau du jeu pour des contraintes d’agenda, mais ensuite il était prévu que nous croisions une autre équipe et que nous soyons en défi les un contre les autres. Puis qu’à la fin du jeu, il y ait un test de restitution de connaissance.
Mon sentiment sur le dispositif :
– il y avait quelques erreurs dans les contenus parce que c’était le début du test, mais c’est très vite dommageable car du coup on passe à des stratégies bêtes de tout tester jusqu’à ce que ça marche au lieu de réfléchir. Donc pour ce genre de projet : il faut tester et re-tester tous les contenus, car on passe facilement à côté d’une coquille.
(à l’intention des concepteurs : l’indice (élément de l’avion d’Ader) ne correspond pas à la pièce qui est celle où se trouve l’hydroptère. Le test de l’hydroptère a une erreur : cockpit et poste de pilotage échangés. Le puzzle pour placer les flèches du vent a un bug : elles disparaissent et il faut cliquer sur le blanc pour les faire apparaitre.)
– des efforts ont été fait pour construire un scénario avec un game play, qu’il va falloir roder et donner plus de cohérence, mais l’idée est bonne.
– l’interaction temps réel entre des membres de l’équipe avec des dispositifs différents est magique. L’un est la main, l’autre est la tête. C’est amusant et coopératif. Cela oblige à se déplacer dans l’expo et à la regarder.
– la taille de l’écran de l’Iphone est un peu limite pour certains quizz car on est à trois autour de l’écran. En contrepartie, c’est facile à transporter. Je pense que la bonne manière de dépasser les limites du terminal c’est de lui permettre d’interagir avec la scénographie : je déclenche le lancement du son d’un douche sonore, ou la projection d’un film sur un mur. (Message privé : "Oui le visiteur, un jour, interagira avec la scénographie et celle-ci évoluera avec son public et au cours du temps." Fin du message privé)
– un ptit coup de graphisme sur l’appli iphone ne sera pas du luxe. Mais bon j’imagine que cela va évoluer.
– il arrive un moment où le jeu se fait au détriment du contenu. Le challenge pousse à passer vite à la prochaine question (alors qu’il n’y a pas de chrono, mais naturellement on entre dans le défi et on a envie d’aller vite, comme dans une chasse au trésor). Le scénario du jeu l’emportant sur ce que l’on retient. Et même, vient un moment où on joue pour avancer dans le jeu sans savoir pourquoi on le fait (sauf pour la raison du jeu de rôle, mais on ne le sait pas vraiment par rapport au contenu). Je pense qu’il faudrait pouvoir alterner des postures différentes. Obliger le trio à s’asseoir pendant un moment pour sortir du mode jeu et se mettre à l’écoute. Il faudrait aussi essayer de donner du sens au jeu et le rappeler. Il est probable que la fin du jeu, avec la réintroduction du médiateur devait répondre à ce point mais je n’y ai pas assisté.
– la coopération dans l’équipe et la compétition entre équipe peut ouvrir des possibilités de gameplay variés et dynamiques.
Au final, je pense que c’est un projet vraiment intéressant et je vous invite à y participer.
Il rejoint d’assez près un scénario que nous sommes en train de préparer avec le Musée des Confluences pour une exposition qui ouvrira en décembre prochain dans les murs du Musée de gallo-romain de Fourvière. Je croise les doigts car j’espère qu’on aura nous aussi quelque scénarios sympa à vous présenter. L’avenir est à ce genre de dispositifs hybrides qui renvoient à l’espace d’exposition et donnent des buts pour le parcourir et collaborer.