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Pour une fête du "sans-Internet"

samedi 19 février 2005

 

Pour une fête du "sans-Internet"

Apprendre à se servir intelligemment des technologies c’est aussi apprendre à ne pas s’en servir quand c’est nécessaire. Autant la fête de l’internet semblait intéressante en 1995 quand le web était juste émergeant et que tout restait à faire en matière de câblage et de raccordement (car je vous le rappelle qu’il s’agissait au départ pour les parents d’élèves d’aller installer bénévolement des réseaux locaux dans les écoles californiennes), autant depuis quelques années je trouve cette manifestation bien surannée et il faut dire qu’au niveau d’Erasme nous ne la relayons pas particulièrement.
L’internet, et plus largement les technologies de communication, sont aujourd’hui le quotidien du plus grand nombre et la question n’est plus de faire la promotion d’un monde connecté mais d’apprendre à le mettre à notre service. Et donc à le mettre à sa place.

Les médias, les technologies de communications participent fortement à notre conditionnement. On ne dépenserait pas de tels budgets publicitaires si on n’avait pas démontré que la multiplication des images et des slogans déterminent celui qui les subit. De la même manière passer 12 h par jour devant un écran (c’est mon cas), être joignable partout et à tout instant, est loin d’être anodin. Chacun invente alors des manières de vivre avec la technologie, lui impose des limites, bref la domestique. Cependant le propre d’un conditionnement c’est qu’en général il nous échappe. Nous n’en avons pas conscience ou nous y trouvons un intérêt à court terme qui nous permet de l’accepter.
Je pense donc qu’il devient donc d’interêt public non pas de continuer à faire la promotion des TIC mais au contraire de révéler nos dépendances à leur égard et des limites à leur imposer. Je préconiserais donc le lancement d’une "fête du sans internet" , où l’on s’obligerait à se déconnecter et à ne pas utiliser d’appareil communiquant ou lui même connecté. On pourrait même aller jusqu’à l’exclusion de toute utilisation de l’électronique, mais cela finirait en bal costumé amish. Une telle journée nous mettant en situation de manque, révèlerait nos dépendances et nous permettrait de choisir plus librement les outils auquels nous recourons en fonction du sens que nous leur donnons et d’inventer des stratégie pour échapper à un formatage marketing que les vendeurs de technologie nous désservent sans scrupules.
On pourrait prendre des décisions comme :
 ne jamais faire passer une présence réelle après une présence virtuelle (fini l’appel téléphonique qui squizz la queue)
 décider aussi librement quel appel je reçois que quel appel j’émets
 recommencer à demander son chemin aux passants plutôt que d’appeler immédiatement mes connaissances et ouvrir de nouvelles chances de rencontres.
 être prêt à payer le prix d’une médiation humaine par rapport à un traitement machine (bye bye amazon)...
Et ce n’est qu’un début ...

YAM

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par Yves-Armel Martin