Une mise en ambiance sonore et interactive de l’appartement de Jeanne Lanvin. Lorsque le visiteur entre dans cet espace, un environnement musical l’immerge dans un espace à part du reste de l’exposition, puis s’il se rapproche des secrets lui seront chuchotés à l’oreille.
Cette installation fait un très bel usage d’un projecteur sonore. Cette technologie permet de projeter un son dans une direction (par le biais d’ultrason) et c’est le corps du visiteur qui fait "caisse de résonnance" (ce n’est pas exactement cela mais presque) et du coup il entend ce son d’une manière très particulière. Pourtant ce n’est pas simple de produire des sons qui soient correctement rendus par ce dispositifs : il n’est pas très puissant, donc vite masqué, les sons manquent de basse et peuvent rebondir créer des échos depuis d’autres directions.
Les lièvres bio-art ont fait un remarquable travail de ce côté avec un préambule musical qui permet de préparer l’oreille à un certain niveau sonore. Préambule qui obtient le silence des visiteurs. Puis, avec un capteur de présence, l’environnement sonore baisse et le son chuchoté se révèle. Les chuchotements sont très adaptés au canon à son car ils ont beaucoup d’aigües.
En choisissant un dispositif technologique relativement simple, ils ont pu travailler finement sur l’expérience finale qui du coup est très concluante. A cet endroit, l’expérience du visiteur change : alors que jusque là se succédait la vision de mobiliers divers et variés, il entre dans un lieu habité et découvre que ces meubles peuvent avoir une âme en rencontrant celle qui les a utilisé. Et cela d’une manière très fine, très proche : jusque là le visiteur est à distance, spectateur, et là on lui parle, il vit une expérience particulière.
Ce qui est intéressant c’est de n’avoir pas cherché à être didactique, à transmettre une connaissance intellectuelle sur cette collection, mais à en offrir une autre perception.
C’est le dispositif de Museomix qui est le plus proche de pouvoir être installé de manière pérenne par la maturité de son contenu et sa simplicité technologique.
Quelles questions ce dispositif pose au Musée des Arts décoration ?
– Doit-on toujours offrir un regard distancié sur les collections, ou peut-on se permettre d’enchanter le visiteur ?
– Le vécu des objets du musée, le contexte dans lequel ils ont été conçus et utilisés ne devrait-il pas être plus accessible ? Par exemple, quels journaux lisaient-on, quelle musique écoutait-on à côté de tel fauteuil ...
– Quelle place peut on donner au son dans ce musée ?