Sprint d’innovation ouverte sur la gestion des déchets, le tri et le recyclage en milieu urbain dense
Malgré une progression constante du taux de recyclage des emballages et du papier, on trie beaucoup moins en ville qu’à la campagne et Lyon n’échappe pas à la règle. Face à ce constat, CITEO, l’Ecole Centrale et la Métropole de Lyon / Erasme ont organisé un évènement inédit pour travailler collectivement à des propositions d’amélioration de la pratique du tri, d’augmentation du recyclage et de réduction de la production de déchets.
Ce premier sprint créatif de 3 jours a rassemblé 50 designers, sociologues, citoyens, membres d’associations, entrepreneurs, experts du tri et du recyclage qui ont prototypé 6 solutions testables en réponse aux grands défis du territoire métropolitain.
Cette démarche vise à décloisonner les pratiques d’innovation et à faciliter leur mise en expérimentation / incubation rapide dans un contexte de transformations sans précédent autour des déchets : cadre législatif ambitieux et exigeant (europe, état, collectivités), mobilisation de la société civile autour de modes de production et de consommation relocalisés, responsabilité sociale et environnementale des municipalités et entreprises pour lutter contre la pollution plastique des océans, la raréfaction des ressources...
DÉROULÉ
Les participants ont été accueillis mercredi 3 juillet aux Halles du Faubourg par un parcours immersif animé par les Ambassadeurs du tri, les experts de Citéo, les agents de la Métropole en charge de la propreté et l’équipe d’Erasme.
Une plénière inspirante à suivi, conclue par la présentation des défis auxquels les équipes allaient devoir se confronter, présentés par la chaire recyclage de l’Ecole Centrale.
Sept défis et une première phase d’idéation plus tard, 15 idées étaient pitchées sur la scène en vue de constituer les équipes. Quinze minutes de négociation ont ensuite suffit pour qu’on entende les premiers "Bingo !", signe que les 6 équipes étaient constituées.
Aussitôt installées avec un plan de route pour aboutir en fin de premier jour à une première version d’un projet, qu’elles ont dû présenter en miroir à l’équipe la plus proche.
Douze ressources mobiles, des développeurs, designers, makers, ont ensuite été attribuées à chaque projet en fonction de ses besoins de réalisation.
L’équipe d’accélération au prototypage, soutenue par les designeuses carton d’En Goguette et la TechShop d’Erasme, a challengé, poussé, accompagné l’ensemble du processus jusqu’à la mise en place dans l’espace d’un dispositif concret, abouti et testable à l’échelle 1/1.
100 personnes ont assisté à la restitution, des citoyens, des professionnels et des élus du territoire. La qualité des projets et les retours des premiers testeurs renforcent l’intérêt d’un processus d’incubation qui visera une dynamique de recherche et développement partenariale ainsi qu’un test en itération sur l’espace public.
RAPPORT D’ÉTONNEMENT
Plusieurs leviers ont été mobilisés par les participants/porteurs de projets pour accompagner les changements d’usage ou l’émergence de nouveaux modes de consommation / production : les mécaniques d’engagement de l’usager, les modèles économiques émergents et les opportunités liées au contexte.
En conclusion de ces 3 journées et au regard des propositions, plusieurs constats s’imposent :
– Une pratique de micro tri, hyper locale, dans laquelle l’engagement individuel est clairement convoqué. Le scénario DENI Box qui propose par exemple de régler un irritant du quotidien, ces déchets que l’on ne voit plus, car atomisés dans l’habitat et dépourvus de réponse immédiate de tri. L’application Oïda participe aussi de l’allègement de cette charge mentale qui rend notre relation au tri si complexe : ai-je bien fait ? Je demanderais à... Que choisir dans ce cas de figure... : ce sont ces cas de conscience qui ont motivé nos participants qui propose une pratique accompagnée, rassurante, déculpabilisante.
– A l’inverse, le "Tous pour le Tri", "Tripack" ou "StarBox" jouent la carte de la communauté. Il s’agit dans ces approches de capitaliser sur l’effet de groupe en tant que levier d’appropriation. Les mécanismes du jeu, de l’émulation par le vote ou du geste performatif sont autant d’ingrédients qui renforcent l’appartenance à un modèle de société souhaité et désiré, permettant aux typologies de trieurs visées de mieux s’identifier, de se reconnaître dans des pratiques et usages et d’augmenter leurs gestes et conscience...
– Enfin, l’exemple du projet Mandala, même s’il s’inscrit dans un code déjà exploré à l’échelle territoriale, définit une sphère du dedans - dehors plutôt polarisée : d’un côté un lieu qui conte dans sa version recto l’intimité, la socialité d’un quartier, une certaine proposition d’un oasis dans la ville... Puis de l’autre côté, au verso, un affichage davantage fonctionnel et opérationnel, qui légende et formalise l’entièreté du réseau de tri, qui incarne mieux et de façon globale le rôle des opérateurs et associations engagées : bacs papier, verre, vêtements... Le côté tout en un de cet ilôt devient une réelle ambassade tant pour les habitants militants, mais aussi un totem pour la collectivité. Un lieu de rassemblement, un flagship, scène de tous les possibles, qui propose un point de rencontre sur l’un des enjeux du siècle.
Vous l’aurez traduit, ces propositions sont à découvrir immédiatement, à expérimenter rapidement, à développer absolument... le tri sans modération, c’est par ici !