Visite personnalisée :
Le visiteur peut prendre un pass lui personnalisant la visite. Ce pass peut être pris en même temps que le billet d’entrée, ce peut être la carte de membre ou il peut être pris gratuitement et librement en différents points du musée.
Le badge va permettre :
– d’accèder à un contenu personnalisé
– d’emporter avec soi des éléments de l’exposition, c’est l’équivalent du signet (favori) des navigateurs web.
Elle doit rester facultative : il est possible de consultr les contenus sans elle simplement avec son doigt.
Il est possible de personnaliser la carte avec ses préférences et son adresse email pour recevoir les éléments de la visite.
Contenu personnalisé :
Plusieurs solutions sont possibles pour personnaliser les badges :
– Offrir des badges préparamétrés sur de grands profils et identifiables avec un code couleur. Adulte, Jeunes, Français, Anglais, Espagnol. (ce qui fait déjà 6 badges différents).
– placer son badge sur des zones de configuration : je passe ce badge sur la zone "english", puis sur "jeunes" et il est paramétré.
– utiliser des bornes de configuration : au muséolab nous utilisons une borne en entrée, mais qu’il est possible d’utiliser à tout moment lors de la visite. Sur cette borne, le visiteur choisi ses paramètres. Dans notre exemple, il s’agit de profils d’âge (adulte/jeune), de langue (français, anglais, espagnol), d’accessibilité (malentendant, malvoyant, daltonien).
Une personne malentendante aura ainsi systématiquement des sous titres lorsqu’un film est présenté (y compris s’il s’agit d’un film collectif, la présence d’une seule personne ayant manifesté ce besoin décide de la présence de sous-titres).
L’intéraction :
Une leçon du museolab 1 était qu’il est très important que le visiteur ait la perception de l’interaction pour profiter de la personnalisation et y trouver un bénéfice. Nous avons donc éliminé toute solution de détection automatique (qui sont de plus contraire à l’idée de rendre le visiteur acteur et d’être dans une relation de confiance) pour préférer un geste du visiteur.
Le visiteur doit donc passer son badge devant des zones actives signalée par un picto, un code couleur et un code lumineux.
L’interaction est confirmée par un retour visuel : changement de couleur (la led prend la couleur de la carte=je suis bien reconnu, le contenu qui est affiché est en lien avec mon profil), changement de rythme de la led. Cela lance le contenu (sur un cartel augmenté) suivant son profil : la langue mais aussi la complexité du contenu change. Le retour visuel semble très important pour que cela deviennet intuitif.
Plusieurs interactions sont possibles :
– le contenu est lancé et ira jusqu’au bout,
– le contenu est lancé jusqu’à ce qu’un autre visiteur badge
– le contenu est lancé et on peut accélérer (passer à la page suivante) en rebadgeant ou en plaçant son doigt dessus
C’est dernière intéraction que nous retenons car elle offre le plus de possibilités.
Nous avions imaginé une zone pour poser le badge le temps de la lecture. Mais finalement cela fonctionne mieux de simplement passer le badge devant la zone et de ne pas avoir à le poser (ce qui demande une manipulation un peu compliquée et le risque d’oublier son badge).
Les visiteurs comprennent assez bien comment cela fonctionne, mais sont rassurés quand ils voient quelqu’un le faire devant eux : ils craignent de ne pas mettre le badge au bon endroit, dans le bon sens etc...
Nous proposions deux actions différentes : lancer le contenu et mettre en favoris, ou juste mettre en favoris lorsqu’il n’y a pas de contenu personnalisé. Mais cela fonctionne mal : quand le visiteur badge une zone "emporter avec soi" (signalée par un picto différent) et qu’il n’y a pas de contenu à se déclencher il pense que le dispositif est en panne. Pourtant cela semble une fonctionnalité intéressante de permettre au visiteur de simplement emporter avec lui un contenu : par exemple pour un interactif qui serait occupé au musée, cela permettrait d’être certain de pouvoir le faire chez soi sans faire la queue.
Médiation :
L’une des utilisations les plus prometteuse de cette technologie c’est de proposer, dans le cadre de la médiation, un contenu totalement différent pour les visites guidées. En effet, en présence d’un médiateur les contenus doivent simplement soutenir le discours de celui-ci et non s’y substituer. L’utilisation d’un système très simple de publication de contenu permet aussi au médiateur d’adapter le contenu au groupe qu’il accueille.
Exemple : la vitrine présentant une réplique de crâne humain donne des informations audio sur l’origine de ce crâne au public individuel. Lorsque c’est le badge d’un médiateur, c’est cette fois ci un son préparé par le médiateur qui est joué : "To be or not to be..." ou bien "Mais ce sont les CE2 de Ste Foy qui viennent me rendre visite ?"
Autre exemple, un guitare diffuse de la musique flamenco. Quand une carte médiation est placé devant, la guitare diffuse des sons de différents instruments et le médiateur interroge ses visiteurs sur ce qu’ils reconnaissent.
Dernière voie prométeuse : proposer aux groupes des badges "jeu de piste". Les personnes portant ces badges sont invités à résoudre des questions : "trouve un animal qui a vécu il y a 3 millions d’années" , le visiteur doit badger la bonne vitrine, sinon une explication le met sur la voie.
Le badge :
Nos badges sont au format carte banquaire afin d’être peu encombrantes mais détectable à travers une matière.
L’agence Inook qui les a designées (ainsi que toute la signalétique associée) a imaginé ce trou au centre qui laisse voir les pictos du capteurs et permet aussi de tenir la carte d’une manière ludique.
L’inconvénient de cette forme c’est qu’elle occupe une main : dès qu’une manipulation demande d’utiliser les deux mains (table multitouch notammen), il faut un endroit pour poser son badge et ne pas l’oublier.
On pourrait envisager un bracelet mais cela "menotte" un peu le visiteur. Un collier ne serait évidement pas adapté à un geste de badgeage.
Réflexions sur l’après visite :
Quelle valeur peut apporter un service d’après visite ?
S’il s’agit de retrouver les contenus de l’exposition, autant avoir accès à toute l’exposition en ligne plutôt qu’à simplement ce qu’on a marqué.
La badgeage permet de faire ressortir un contenu précis parmi un grand nombre (tout comme le favori permet d’éviter de refaire une recherche dans Google).
Ce qui semble être une moteur de l’après visite ce sont des éléments extrèmements personnels :
– retrouver sa photo prise dans le contexte de l’expo (exemple ce que fait le Musée des Sciences de Bergen)
– retrouver ce que l’on a produit dans l’exposition (un début de texte, une simulation, une manip) et ce qu’en ont fait les autres visiteurs.
– retrouver les commentaires des autres visiteurs de l’exposition vis à vis de son propre commentaire laissé pendant son passage dans l’exposition.
Réflexions sur les profils :
Proposer une visite par niveau et par langue était pour nous le plus facile à montrer.
Néanmoins d’autres points de vue, peut être plus intéressants auraient pu être choisis : utiliser des profils qui simplifient, ou synthétisent, le propos autour d’un axe ou de modalité d’accès.
Ainsi nous aurions pu proposer :
– une visite hiérachique : les contenus sont présentés de manière globale et résumée, puis une deuxième passe plus approndie est proposée. le visiteur peut entrer dans le détail s’il le souhaite.
– une visite visuelle : peu ou pas de texte, préférence à l’image, au schéma et à la cartographie
– une visite questionnement : question / propos / question de vérification
– une visite histoire : toute la visite est une histoire qui s’enchaine.
Production :
Le simple fait d’évoquer les multiples profils aboutit en général à un désintéressement de ce dispositif par les concepteurs d’expositions au motif que cela va demander plus de travail. Il faut toutefois considérer que l’on dispose d’outils de gestion de production très différents puisque l’on s’appuie sur des outils de publication web (en l’occurence le CMS SPIP pour ce qui est du muséolab). On économise tous les allers-retours avant les "bons à tirer" car les contenus étant numérique, les producteurs de contenus voient immédiatement le résultat de leurs publication et peuvent à tout moment les modifer et les faire évoluer.
Le cycle de vie d’une exposition peut profondément changer : au lieu d’être terminée à l’ouverture de l’exposition et de ne plus évoluer ensuite, l’exposition sera vivante et évoluera dans le temps. S’adaptant à l’évolution des connaissances, mais surtout aux retours des utilisateurs. L’exposition numérique est à l’exposition analogique ce que le site web est à un journal papier. Il permet une très grande adaptabilité et flexibilité.
Cela remet évidement en cause l’organisation des musées et les jeux de pouvoir qu’il peut y avoir entre service d’exposition et de médiation. En effet, les médiateurs prennent un rôle considérables car ils sont les mieux placés pour avoir la voie retour des usagers et proposer des évolutions du contenu. Le chargé d’exposition perd de son "statut" d’auteur au profit de la lisibilité et de la qualité des expositions.
La multiplication des parcours et des profils doit se comprendre dans cette perspective : ils ne seront pas réalisés comme une exposition bis qui doublerait la charge de travail, mais comme des évolutions, des branches, qui permettront de mettre en avant des contenus particuliers, de tenir compte de l’expérience visiteur. Ils verront donc le jour au cours de la vie de l’exposition et pas dès le début.
Conclusion :
Il ne s’agit pas ici de définir un modèle type d’exposition personnalisée, ni de faire croire que cette technologie est indispensable aux expositions, mais cela ouvre sans doute des nouveaux modèles d’expositions proposant des expériences de visite multiples et évolutives.
La suite de cette démarche est de l’expérimenter face au public dans une exposition temporaire ou un atelier. Rendez-vous à la fête de la science 2009 pour une première adaptation avec le Musée des Confluences.