Contexte : le Plan Canopée au service de la ville végétalisée de demain
Le plan Canopée, initié dans le cadre du volet “adaptation” du plan Climat de la Métropole de Lyon (PCAET), a pour objectif de faire planter au moins 300 000 arbres à l’horizon 2030 et couvrir 30% du territoire en zone surfacique ombragée (que l’on nomme la surface de canopée).
Or près de 70% de cette canopée se trouve sur le domaine privé. Une forte implication des collectivités sur leurs propres domaines est donc indispensable, mais ne sera pas suffisante pour atteindre cet objectif. Il est donc nécessaire d’imaginer de nouveaux modèles d’ingénierie et d’organisation dépassant le cadre public seul, en mobilisant/animant notamment des nouveaux collectifs/partenariats inscrits dans une responsabilité territoriale partagée et durable (entreprises, copropriétés, bailleurs, conseils de quartiers...).
Le Plan Canopée ne se restreint pas aux arbres métropolitains mais identifie, avec ses 4 axes et 30 actions phares, tous les leviers, objectifs et modalités d’un développement tant quantitatif que qualitatif de l’écosystème végétal du territoire, inclus dans une vision large “nature et culture”. Il vise à répondre aux enjeux de la transition écologique et est à ce titre concerné par l’urgence à agir. C’est pourquoi a été conçu le programme Larboratoire, son “poisson-pilote”.
Il est en effet à noter à l’échelle européenne l’émergence de nouveaux modèles de gouvernance et d’économie liés à la végétalisation et à ses bénéfices multiples (maîtrise des risques et lutte contre les îlots de chaleur urbains, amélioration du cadre de vie et de la santé des habitants, soutien économique et développement des filières, protection de la biodiversité et des trames vertes/bleues, valorisation patrimoniale, éducative et sociale…) à même d’étayer la démarche de la collectivité.
Ces modèles participent en outre au développement d’une participation citoyenne active, tant dans le projet que dans les phases ultérieures type gestion, la végétalisation est un sujet propice à la coconstruction du cadre de vie (appétence citoyenne, transversalité des effets, capacitations possibles dans un agenda déterminé)...
Enfin la mise en œuvre d’expérimentations frugales, participatives et déployées en itération ou essai-erreur, représentent aujourd’hui des leviers indispensables au déploiement des plans cadres fédéraux par la proximité avec le terrain/territorialisation des solutions ou innovations qu’elles concrétisent, la possibilité d’évaluer et de monitorer au fil de l’eau ces propositions nouvelles (et de les arrêter si besoin) et l’animation des acteurs territoriaux qu’elles entretiennent.
Un programme d’innovation participative, pour quoi faire ?
Les démarches d’innovation ouvertes construites par Erasme depuis la mise en œuvre de son Lab en 2008 mobilisent une pluralité d’acteurs sur des phases alternant des temps courts/accélération de design et de prototypage collectif (Remix, sprint, workshop) et des temps longs d’expérimentation ou de co-développement des solutions imaginées.
Néanmoins ces phases, comme autant d’étapes gouvernées par des acteurs et des logiques différents, souffrent parfois d’une rupture d’actions, distendues par des temps de validation ou d’orientation, nécessitant une (re)mobilisation de partenaires à chaque étape.
La construction d’un programme d’innovation territorial d’ensemble vise ainsi à mobiliser et outiller une communauté d’acteurs (co-concepteurs, porteurs, experts, décideurs, terrains d’utilisation...) au démarrage de projet qui constituent le fil conducteur de sa mise en œuvre sur la durée et des enchaînements d’étapes les plus rapides et les plus souhaitables possibles.
Ils permettent notamment :
- de porter des regards croisés sur les projets tout au long de leur construction afin d’en anticiper les conditions de réussite dans la phase suivante (conception, prototypage, expérimentation, valorisation) ;
- de construire dès le début de la démarche les “terrains” de mise en situation en positionnant dans chaque équipe un ou plusieurs représentant de ces futurs “tests” comme élément pivot du travail ;
- de permettre à chaque acteur de maintenir un rôle actif et évolutif dans le projet en montant tôt un espace d’échange en ligne, de valorisation des compétences/aspiration de chacun et de suivi des avancées et prises de décision du programme
Le service Patrimoine végétal & Environnement de la Métropole, son Laboratoire d’innovation ouverte Erasme accompagnés de l’agence d’urbanisme, ont donc construit Larboratoire comme un programme destiné à échelonner la mise en œuvre de solutions nouvelles par des productions participatives et partenariales :
T1 2020 : Construction de l’écosystème, des défis prioritaires à relever et des terrains d’expérimentation associés
- Sourcing de 150 acteurs [1] (5 Meetups, production de 10 séquences vidéo de veille et de 50 projets d’inspiration)
- Identification de 6 défis à relever dans la projection actuelle du plan Canopée : sensibilisation, recherche de foncier, leviers de service, ingénierie verte, entretien de la Canopée, recherche et prospective d’usage urbaine.
- Identification de 6 terrains d’expérimentation prioritaires liés à des expériences inspirantes : Entreprises, industries et salariat, sites et organisations parapublics, bailleurs sociaux et copropriétés, éducation (pédagogie et aménagement), communes et relation citoyenne de proximité, santé.
10-12 Novembre 2020 : Canopée Remix
- Mise en œuvre du premier format de sprint créatif pour la végétalisation urbaine de 3 jours mobilisant 100 participants (paysagisme, urbanisme, design, politiques publiques, communes, éducation, culture, entrepreneuriat) appuyés sur une équipe de support à la production et au prototypage [1]
- Production de 8 projets de service et d’usage inédits documentés et diffusés sous licence opensource sur le site de la collectivité
T4 2020 : Orientation et pré-incubation
- Consolidation du modèle de service et de mise en œuvre des projets par plusieurs élus , 10 experts de la végétalisation et 3 entrepreneurs (Waoup, 107, Time for the planet) autour de 7 projets fédérant les productions précédentes
- Identification et entretien avec 6 porteurs de projets d’expérimentation associés
- Orientation et validation politique des ensembles retenus : projet, porteur, moyens
2021 : Incubation et expérimentation des projets retenus
- Cadrage et déploiement d’une version de préfiguration de chacun de ces projets, développé par itération sur un territoire pilote et moteur de la démarche.
- Production d’une évaluation d’usage et d’une modélisation de poursuite / passage à l’échelle.
T4 2021 : Évaluation et orientation de passage à l’échelle territoriale
- Industrialisation, passage en exploitation et généralisation du service à une échelle territoriale large, appuyée sur des acteurs et des scénarios de développement identifiés à l’étape de l’expérimentation.
Les projets actifs entrant en expérimentation
Les projets produits et documentés dans la phase de conception du Larboratoire ont été organisées autour de deux pôles :
2 projets structurants devant se développer en (co-)pilotage par la collectivité
- Canographia : Plateforme numérique de cartographie (calques), de diffusion de ressources/outils et de mise en relation autour des dynamiques publiques de végétalisation. Projet au service de l’ensemble des démarches d’expérimentation.
- Le calque de plantabilité Produire une donnée probabiliste de la plantabilité du territoire appuyé sur l’open data de la métropole.
5 projets de service codéveloppés avec des partenaires autour d’une mise en œuvre territoriale pilote
- Enraçinons nos rues : Démarche de transformation durable de l’espace public local par la concertation et l’encapacitation citoyenne organisée autour d’un festival de dé-bitumisation et plantation.
- L’arbre témoin : Pépinière mobile : parcours territorial et pédagogique d’hébergement et d’entretien au semis et à la croissance d’arbres organisée autour d’un réseau de lieux intergénérationnels (collège,EHPAD).
- Plan Sève : Offre de services pour impulser et accompagner des démarches privées et participatives de végétalisation (copro, bailleurs, entreprises).
- Les racines augmentées : Offre de formation BTP et de sensibilisation aux réseaux racinaires appuyés sur une base de données professionnelle émergente. Une démarche pédagogique grand public à construire en interconnexion.
- L’école de la forêt urbaine : Un parcours de pédagogie-action pour les collégiens appuyés sur les espaces extérieurs et intérieurs à l’établissement participant à la sensibilisation, à l’apprentissage et d’orientation professionnelle sur les nouveaux métiers du végétal (soft skills et espaces extérieurs).
L’objectif de la présente phase consiste à consolider les maquettes de projets ou services et les expérimenter sur le terrain pour en réaliser une évaluation d’usage et de modélisation pour passage à l’échelle (qu’elle ne pré-valide pour autant pas). Les solutions imaginées sont transmises à des “porteurs” (association, chef de projet interne à la collectivité, PME territoriale...) évoluant dans un environnement favorable à leur développement rapide et experts des typologies de services visées.
Accompagnés par le programme d’“incubation” d’Erasme, ces porteurs vont construire un nouveau projet en hybridant les maquettes d’usages / de service prototypable au contact du terrain d’expérimentation et de leur propre pratiques / activités :
- Janvier-février : Une phase de cadrage pour finaliser les équipes projets , le périmètre du terrain d’expérimentation, la feuille de route et les résultats attendus à l’issue de l’incubation.
- Février-avril : une phase de (re)conception et de production
- Mai-octobre : une phase de test
- Début 2023 : une phase pour préparer les conditions d’un déploiement - modélisation
Vous pourrez suivre l’évolution des différents projets par une mise à jour régulière de cette page ainsi que des articles de détail indiqués plus haut !